La Rue de la Soif. (Grégoire Damon)
La plupart des livres sont hermétiques ; fermés à la discussion, leur existence est vouée au monologue. J'ai eu une conversation de presque deux-cents pages avec La rue de la soif, dans des relents de sueur, d'alcool et de tabac qui sentaient bon le vrai, qui puaient bien l'humain.
L'auteur se fait oublier dès la première page ; on n'entend plus qu'Aube, qui s'éveille à elle-même, qui se lève sur les pentes de la Croix-Rousse. Aube, qui raconte la sensibilité des autres et la sienne sans sensiblerie, qui colorie les émotions de mots, dans un univers où la violence et la tendresse marchent main dans la main. Un univers qui ressemble furieusement à la vie. En peu de mots, les personnages vivent malgré eux, s'échappent à eux-mêmes, on les devine, on les connaît. Surtout, on cherche à les comprendre plutôt qu'à les plaindre, plus les lignes s'alignent, plus les lieux communs s'éloignent. Et au détour de plus d'une page, j'ai eu la preuve que l'argot aime à flirter avec la poésie.
Par moments, la fluidité de l'écriture s'interrompt, les mots les phrases s'entrechoquent et prennent le rythme à contretemps ; belle prouesse que d'écrire le chaos que peut être la vie sans le décrire. Belle prouesse qu'écrire et donner envie d'être relu.
L.K.
La rue de la soif a été édité chez arHsens édiTions le 9 mai 2007
Conditionnés dès le plus jeune âge aux normes sociétales, savons-nous
ce qui est réellement « beau » ?
Aujourd’hui j’ai 85ans. Et avec 85 années de recul, selon moi ce qui
serait réellement « beau » transparaitrait au travers d’une femme, car
elle seule peut donner la vie.
Cette femme serait très bien portante,
elle connaitrait le regarde pesant, dénigrant et méchant que l’être
humain peut avoir,
Cette femme serait tout le contraire des femmes rentrant dans les « normes »
elle connaitrait la sensation ressentie de ne pas être vue,
Cette femme serait d’un certain âge, peut être le mien,
elle aurait vécue et aurait acquis de la sagesse, des rides
magnifiques qui racontent une histoire,
Cette femme aurait un corps dont émane un désir sensuel,
elle aurait les marques de la vie, une peau douce et chaude,
Cette femme aurait été amoureuse de nombreuses fois,
elle aurait souffert mais elle saurait qu’il n’y a pas meilleure
sensation que celle d’aimer et d’être aimé,
Cette femme aurait reçu beaucoup des autres, du bon et du mauvais,
elle donnerait tout autant, mais que du bon, elle aurait la sagesse de
prendre du recul sur les choses,
Cette femme n’aurait pas connu de guerre,
elle s'aurait que la guerre n’apporte rien si ce n’est le malheur, et
elle n'aimerait pas être triste,
Cette femme s'inquiéterait pour les gens qu'elle aime ...
elle nous demanderait pourquoi ça ne va pas, et, pourquoi ça va,
Cette femme nous comprendrait ,
elle aurait les mots justes pour nous aider,
Cette femme ce serait ma mère avec son tablier devant le four
attendant la tarte aux pommes,
elle me rappellerait les meilleurs moments de ma vie, des odeurs sucrées,
Cette femme ce serait ma grand-mère abandonnée et adoptée,
elle serait forte, des yeux pleins de vie pétillants de revanches gagnées,
Cette femme aurait toujours le sourire...
elle serait la personne que nous croisons dans la rue et qui nous
illumine sans que l’on sache pourquoi,
Cette femme aurait des fossettes au coin des lèvres ,
Elle aurait souvent ris aux éclats, d’un rire contagieux,
Cette femme se réjouirait des moindres petits plaisirs de la vie...
elle connaitrait la valeur des instants,
Cette femme ne parlerait pas trop, pas pour ne rien dire...
elle emploierait les bons mots, car ils ont tous leur importance,
Cette femme ce serait ma femme...
elle serait naïve avec une âme d'enfant, tout en étant réaliste et consciente.
Elle serait consciente que la beauté ne réside pas dans le paraître
et que ce bel éloge est très utopiste de nos jours...
Viatique.
Avant d'aller dormir
Ne pas avoir de portefeuille ministériel mais s'obstiner à aller en vacances à Tripoli ou à Tunis MAINTENANT.
Avoir à l'esprit que tout ce qui reste vivant dans les ruines est mieux que deux Tu l'auras.
Se répéter journellement la liste des MOSCOU GROZNY DAMAS SANAA BAGDAD NINIVE GAZA destinations estivales où il y a vraiment de l'ambiance.
Manger ses semelles sans garnitures par snobisme et parce que la marche c'est vraiment dépassé.
Se repasser en travers de la tête les dernières belles paroles des candidats à la candidature et n'en retenir aucune.
Traînailler sur les blogs vengeurs de pamphlétaires grisonnants qui se vident de leurs postillons à attendre l'Übermensch, et se demander si c'est bien pour ce genre de révolte qu'on a renoncer au 4/4 et à la piscine particulière.
Constater que les régimes et les républiques ne réussissent qu'aux bananiers.
(Et ne pas être foutu de se trouver une branche libre pour se pendre.)
E.M.
I lost and found myself in New Orleans
Le soleil qui se couche au loin dans l'étreinte de ce vertueux Mississippi, laissant sur la ville un voile orangé, un apaisement de cette chaleur humide qui prend les Hommes jusque dans leurs cœurs.
Il est 21heure, les mélodies sortent un peu partout dans les rues colorées de la ville.
Les hommes ici suivent un rythme de vie qui me paraît tellement naturel; Le labeur de la journée terminée, le temps est au plaisir.
L'on mange ensemble dans les rues les barbecues ribs servies par quelques obèses cuisiniers ambulants et chantants.
Les saxophones, tubas, tambours, trompettes, trombones sont sortis; moments habituels et journaliers de plaisir collectif, musique et marche entrainante, clamante. Oui ici la vie passe par la musique.
Une fanfare jazz, hip hop appelée « Brass Band » se prépare avec petites fioles de whisky, marijuana, ou tout simplement à coup d'exclamations avec les frères et les soeurs .
En moyenne 6 ou 7 musiciens, grands blacks, beaux, jeunes, dreadlocks, tresses, tatouages, grands tee-shirts blancs, casquettes ou panamas.
Des rires, des mouvements de pieds et de hanches jaillissent dans tous les coins, big mamas, vieux papas, jeunes blacks bimbos, bambins torses nus, pendant que les musiciens font sonnés leurs instruments pour s'accorder.
Et voilà ça commence; rythmique de jazz ou l'on tape les contre temps un, DEUX, trois, QUATRE, sur une mélodie swing, hip hop ou encore funk . Tout le monde se mes en marches dans les rues des chauds ghettos de la New Orleans.
Une foule de tout ce qu'on peut rencontrer dans ces quartiers s'amasse derrière le groupe et place à la danse, que dis-je, à la transe.
Toute une vie se recrée par la danse: duels, coure à une princesse aux dents en or, cris, rires, frappement de mains et pirouettes en tout genre.
Ces rituels nous font sortir de nous même, donnent une autre sonorité à notre âme, un autre sens à la vie.
Ces défilés peuvent durer des journées entières et principalement les dimanches après l'Eglise et la sieste où les fanfares hip hop parcourent et réveillent les quartiers avec toute la communauté qui s'y regroupe naturellement.
Hymne à la vie et à la communauté, ces moments là sont des délivrances où l'on se demande pourquoi on a pu être mal, fermé ou simplement grisé.
La musique est le reflet du cœur des Hommes; il faut la sortir, la partager et y danser.
Merci New Orleans pour cette leçon de vie .
Sumner
Photos et video : Sumner
Westphal
Nous participons à l'exposition Love and Peace, organisée par le mouvement Respublica, à la galerie l'Antre de monde (40, rue Estelle, escalier du Cours Julien, Marseille), jusqu'au 31 janvier.
Le vernissage aura lieu le samedi 10 janvier à partir de 19 h.
Dernier numéro sorti