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BD CRUCIFIX PARTIE3L

 

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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 18:49

On ne va pas vous l'apprendre, la France est en train de détuire son modèle social. École, hôpitaux, crêches, les caisses sont vides etne semblent pas prêtes à se remplir.

Les istituts médico-éducatifs (IME) font partie des structures qui rencontrentles plus grandes difficultés à trouver non seulement des financements, mais aussi de la visibilité, parce qu'ils s'adressent à un public de déficients intellectuels avec des troubles associés, et que, c'est bien connu, les fous et les handicapés, c'est tooujours les autres.

Pourtant, le personnel de l'IME Edouard Seguin, située dans le 3è arrondissement deLyon, a décidé de réagir. En attendant une action qui ne saurait tarder et dont nous vous reparlerons, vous pouvez lire ci-dessous la lettre qu'ils ont adressée à notre cher ministre du travail, de l'emploi et de la santé, monsieur Xavier Bertrand.

 

IME Edouard Seguin

2, place Sainte Anne

69003 LYON

 

 

 

 

 Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé

Monsieur Xavier BERTRAND
14, avenue Duquesne
75350 PARIS 07 SP

 

 

 

 

Lyon, le 04 avril 2011

 

 

Copie : ARS Rhône-Alpes

 

 

 

 

 

 

Objet : Témoignage et revendications de professionnels de l'IME SEGUIN

 

 

 

Monsieur Le Ministre,

 

Des  restructurations et des baisses de budget se profilent dans un avenir proche dans le secteur médico-social, et pour notre établissement en particulier.

Face à ces perspectives, nous, professionnels impliqués sur le terrain au sein de l'IME Seguin, souhaitons évoquer les questions posées par l'accompagnement d'une population aussi hétérogène et globalement de plus en plus en difficulté, témoigner de nos pratiques au quotidien pour répondre au mieux aux besoins de tous ces enfants et adolescents. Enfin, nous tenons à vous dire notre inquiétude et surtout nos revendications pour un meilleur travail auprès des jeunes que nous accueillons.

 

 

 

  1. État des lieux :

 

Notre établissement situé au centre de Lyon a un agrément pour cinquante enfants et adolescents porteurs d'une déficience intellectuelle avec des troubles associés. Il fonctionne aujourd'hui avec un budget inférieur à la moyenne régionale des budgets pour des établissements comparables. Il a bénéficié ces dernières années d'embauches qui ont permis d'apporter une amélioration de la prise en charge des enfants et des adolescents que nous accueillons. Ceci est cependant à relativiser puisque d'une part, nous partions d'une situation particulièrement déficitaire en terme de taux d'encadrement qui n'avait pas été réévaluée depuis des années, et d'autre part parce que ces embauches ont été en partie obtenues en compensation de l'accueil de jeunes présentant des troubles du comportement très importants nécessitant la présence quasi-exclusive d'un adulte.

 

Ces dernières années, la population que nous avons été amenée à accueillir a en effet évolué, du fait des avancées liées à la loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées notamment, mais aussi des politiques de restriction budgétaire menées dans le secteur sanitaire.

 

Ces évolutions nous demandent au quotidien de faire le grand écart entre les prises en charge adaptées aux différents profils d'enfants et d'adolescents que nous recevons. Rentrons dans les détails de ce que suppose l'accueil des uns et des autres, qui, précisons le, cohabitent sur les mêmes groupes éducatifs, pris en charge par les mêmes adultes.

  • Certains jeunes accueillis au sein des groupes éducatifs présentent de sévères troubles du comportement qui prennent différentes formes : agressions physiques vis à vis des autres enfants, crises spectaculaires, avec des hurlements, des auto-mutilations.  Certains d'entre eux auraient probablement trouvé leur place auparavant dans des hôpitaux de jour.

Un climat de violence se situant à plusieurs niveaux naît donc de l'accueil de ces jeunes :

  • violence physique et psychique envers les jeunes et les adultes qui subissent directement les agressions ou la tension liée aux crises à répétition
  • violence institutionnelle aussi envers les jeunes qui présentent ces troubles majeurs, liée au fait que nous ne soyons pas en mesure de leur proposer une prise en charge adaptée, faute de personnel suffisant, mais aussi de relais au niveau de la psychiatrie.  

 

Ajoutons que ces troubles mobilisent parfois totalement les adultes qui encadrent le groupe, ce qui constitue autant d'attention qui n'est pas consacrée aux enfants qui ne présentent pas de troubles aussi sévères mais qui n'ont pas moins besoin de l'adulte pour progresser dans leur rapport au monde, les apprentissages pré-scolaires... etc.

 

  • Par ailleurs, nous accueillons aussi davantage de jeunes très dépendants qui n'ont pas accès à la parole, qui ont besoin d'une aide importante dans tous les aspects de la vie quotidienne. Il faut être très présents lors des temps de repas, voire même les faire manger, il faut aussi les changer ou les accompagner individuellement aux toilettes plusieurs fois par jour, les habiller, les déshabiller...etc. Là aussi, cela nécessite un encadrement plus important qu'auparavant et impacte la prise en charge globale.

 

  • Parallèlement à cela, la loi de 2005 dont un des objectifs est de favoriser l'accès à la scolarité et l'inclusion des enfants et des adolescents en situation de handicap dans le «circuit scolaire ordinaire» nous a amené à faire évoluer nos pratiques et à imaginer toutes sortes de dispositifs pour répondre au mieux à cette obligation et permettre au plus grand nombre d'accéder à une scolarité adaptée : groupes restreints au sein de l'institution, lien avec les CLIS, mise en place d'une classe externalisée... Cela implique beaucoup de souplesse dans l'organisation des prises en charge et un partenariat qui ne soit pas qu'organisationnel avec les professionnels de terrain et l'administration de l'éducation nationale.

 

 

  1. Quelles pratiques face à cette évolution ?

 

Nous n'avons pas attendu d'augmentation de moyens pour trouver des solutions dans notre organisation interne qui permettent de pallier au mieux au défi que constitue au quotidien l'accueil de ces jeunes si différents les uns des autres. En voici quelques exemples :

 

  • Nous avons mis depuis longtemps en place des activités transversales regroupant des jeunes issus de plusieurs groupes sur des objectifs communs. Cela permet de former des groupes viables du point de vue de la gestion du collectif et de la sécurité de chacun. Cela permet également de répondre de la meilleure façon possible aux besoins des uns et des autres.
  • Nous avons installé une salle de «stimulation sensorielle» adaptée qui doit permettre de proposer un endroit apaisant pour des jeunes présentant d'importants troubles du comportement et un espace stimulant pour des jeunes porteurs d'une déficience sévère dont le rapport au monde est encore très marqué par l'expérimentation sensorielle. Ce type de proposition a l'inconvénient d'exiger un taux d'encadrement important. Aurons-nous vraiment les moyens humains pour l'investir ?
  • L'accueil des jeunes qui mettent le plus à mal l'organisation classique de l'établissement est pensé de manière différente, à un niveau institutionnel. S'ils sont accueillis principalement sur leur groupe éducatif de référence, des relais sont pris par l'ensemble des professionnels de l'institution, de manière ponctuelle ou plus régulière, improvisée ou anticipée. Ces relais interviennent soit au moment de crises à répétition, soit en amont pour permettre de prévenir celles-ci, ou encore tout simplement pour permettre que des activités qui ne pourraient pas être proposées au groupe en la présence de ce jeune-là puissent l'être à un moment donné dans la semaine.

 

 

  1. Notre inquiétude et nos revendications :

 

Nous sommes donc des professionnels dynamiques, conscients de nos responsabilités et prêts à faire évoluer nos pratiques pour nous adapter aux besoins des jeunes que nous accueillons mais nous avons la sensation en ce moment que les autorités compétentes pour ce qui est du financement de nos établissements, à travers la diminution des moyens qu'elles entendent nous attribuer à l'avenir, ne reconnaissent pas le travail mené au sein de l'établissement. Mais le connaissent-elles seulement ?

Plus grave encore, cette diminution de moyens aura des conséquences sérieuses sur l'accueil des jeunes dans notre établissement. Nous ne sommes plus très sûrs que notre structure, confrontée à ces restrictions pourra rester «suffisamment bonne». 

(référence au concept de Winnicot tirée de la recommandation-cadre de l'ANESM sur les bonnes pratiques professionnelles -«La bientraitance : définition et repères pour la mise en œuvre» p 14)

 

Depuis des années, seules une politique de suractivité (qui avait bien des inconvénients) et l'attribution en fin d'année de crédits non reconductibles permettent à l'établissement de ne pas être en déficit. Cette situation n'était pas le fruit d'une mauvaise gestion mais d'un sous-financement de l'établissement. L'obligation de transporter les enfants entre leur lieu d'habitation et l'établissement n'a par exemple jamais été financée à hauteur des besoins. La république vote ainsi des lois que nous sommes donc tenus de respecter mais elle ne nous donne pas les budgets pour nous permettre de répondre à ces obligations.

La circulaire N° DGCS/5C/DDS/1A/2010/179 du 31 mai 2010 établit que «toute utilisation de crédits non reconductibles aux fins de financement de mesure pérenne est strictement proscrite». Cela n'aurait pas été un problème si un rebasage du budget de l'établissement avait été accordé mais dans le cadre des récentes négociations pour la signature d'un CPOM entre l'ARS et le Comité Commun, c'est plutôt une baisse des moyens qui est envisagée par l'autorité de tarification.

 

Nous avons déjà du mal à faire face à la charge de travail qui nous incombe et à accorder aux jeunes accueillis toute l'attention qu'ils méritent. Au-delà de toutes les difficultés sus-mentionnées, nous déplorons par exemple le manque de temps dégagé pour les écrits professionnels (projets personnalisés, projets de groupe, projets d'activité...etc), les réunions et les rencontre avec les autres professionnels engagés différemment dans la vie des jeunes : psychiatre, orthophonistes, psychologues... C'est pourtant ce qui nous permet de faire le point sur notre pratique, de clarifier nos objectifs...etc. C'est la base d'un accompagnement riche et constructif.

Nous n'avons pas la possibilité d'échanger autour de l'accompagnement des jeunes les plus en difficulté en dehors du temps de réunion d'élaboration du Projet Individualisé, une fois par an et de ce qu'on peut se dire dans de très mauvaises conditions de façon informelle «entre deux portes» ou le soir une fois que les jeunes sont partis.

Nous sommes donc particulièrement inquiets quand nous apprenons les bases sur lesquelles se préparent les prochains budgets et quand nous constatons les restrictions envisagées pour ne pas dépasser l'enveloppe qui nous est accordée.

 

 

En effet, face à ces perspectives pessimistes, la direction de l'établissement a décidé d'un certain nombre de mesures qui sont inacceptables si l'on considère l'intérêt de ceux pour qui nous sommes tous là : les enfants en situation de handicap.

 

  • Les circuits de taxi vont être modifiés de manière à faire baisser les coûts : les jeunes devront être conduits à un point de ramassage, ce qui aura pour effet de compliquer la vie de certains parents qui, tout au long de leur vie de père ou mère d'un enfant en situation de handicap, ont déjà été confrontés à de véritables parcours du combattant, et qui doivent aussi s'occuper de leurs autres enfants.

Les circuits desservis par des taxis collectifs transportant entre 8 et 15 jeunes risquent de devenir la norme. L'expérience que nous en avons (puisque cela concerne actuellement un circuit sur huit) est que c'est source de beaucoup d'angoisse pour des jeunes qui y passent parfois un temps conséquent (cela peut aller jusqu'à 3 heures par jour !). Une solution serait de permettre un accompagnement pendant le trajet par un éducateur, mais cela aurait des  conséquences fâcheuses sur le reste de l'accompagnement en journée (moins de temps de présence) c'est donc impossible. Les temps de transition entre la maison et l'établissement qui sont déjà pour beaucoup de jeunes des points de tension vont donc encore se compliquer.

 

  • Nous avons actuellement huit postes d'éducateurs spécialisés dans l'établissement. Cinq d'entre eux pourraient être progressivement transformés en postes de moniteurs-éducateurs. Nous nous élevons contre cette dé-qualification globale de l'équipe.

 

Au-delà de ces deux conséquences immédiates des restrictions budgétaires à venir, nous nous inquiétons du mouvement dans lequel nous sommes engagés. Vous semblez perdre de vue l'intérêt des usagers en ne prenant en considération que les aspects financiers. Jusqu'où irons-nous ainsi ?

Connaîtrons-nous dans quelques années les mêmes difficultés à mener à bien nos missions que les professionnels du secteur de la justice ou de la psychiatrie actuellement et serons nous comme eux montrés du doigt par les plus hautes instances de l'état lorsque les diminutions de moyens année après année, aboutiront à ce qui sera alors considéré comme de la négligence ?

Nous sommes bien conscients de l'importance d'une utilisation optimale de l'argent public et de la situation difficile du budget de l'état en ce moment.

Nous affirmons cependant que les économies à réaliser pour arriver aux objectifs de réduction de la dette publique ne peuvent pas se faire, comme cela se dessine actuellement, sur le dos des plus vulnérables d'entre nous, les malades, les personnes handicapées et les personnes âgées. 

 

« La bien-traitance des plus vulnérables d'entre les siens est l'enjeu d'une société toute entière, un enjeu d'humanité. » 

 

Citation figurant dans le rapport du comité de pilotage « opération pouponnière », repris dans la Recommandation-cadre de l'ANESM « La bien-traitance : définitions et repères pour la mise en œuvre), p15

 

 

 

Nous travaillons à l'amélioration du service que nous rendons dans le cadre de la «démarche qualité» et nous sommes informés des recommandations de l'ANESM concernant les bonnes pratiques professionnelles, par exemple autour de la «Bien-traitance». Nous entendons nous battre pour ne pas en rester au niveau des bonnes intentions.

Nous demandons donc que de nouvelles négociations s'engagent pour qu'à l'avenir notre établissement puisse fonctionner avec des moyens revus à la hausse de façon à conforter le travail qui a été effectué jusque là et à engager de nouvelles initiatives pour mieux répondre aux besoins des usagers. Il n'est pas possible qu'un établissement qui -cela a été noté à maintes reprises- fonctionne avec un budget inférieur aux moyennes régionales et nationales voit encore son budget baisser.   

C'est la qualité de notre travail qui est en jeu, et à travers elle, les conditions d'accueil des enfants et des adolescents que nous accompagnons.

Nous envisageons si nous n'étions pas entendus des actions de protestation qui pourraient prendre différentes formes.

 

 

Nous vous remercions de l'attention que vous aurez bien voulu porter à ce long courrier, aux remarques et revendications qu'il contient.

Nous nous tenons à votre disposition pour une rencontre ou pour de plus amples explications.

 

Nous vous prions d'agréer, Monsieur Le Ministre, nos salutations respectueuses.

 

 

Personne à contacter: VIALLY Pierre antoine 0612760361

 

 

 

 

Ce courrier a été signé par 25 personnes soit la quasi-totalité du personnel et transmis pour information :

 

  • à Monsieur Sourioux, DG du Comité Commun Activités Sanitaires et Sociales
  • à Monsieur Piot, directeur de l'IME Seguin,
  • à Madame la Présidente du CVS de l'IME Seguin,
  • au CCE du Comité Commun,
  • à des élus de tous bords politiques,
  • également envoyé à différents organes de presse accompagné d'un communiqué de presse.

 

 

 

 

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