Cinquante kilomètres pour se donner l'impression de voyager,
répéter les mêmes mots, les mêmes phrases pour se donner l'impression d'exister.
Les regards sont vides, les thèmes abordés aussi:
discussion de l'homme moyen, entre femmes moyennes, constatant des choses moyennes, signifiant des choses moyennes.
Pourquoi s'évertuent-ils à se sécuriser,
se conforter en s'observant dans les yeux d'un autre?
à supposer dans le mouvement, l'apparence,
à se refuser au changement, se suffire lorsqu'ils pensent?
Vous avez PEUR,
peur quand en vous regardant
vous ne vous reconnaissez pas
quand vos névroses ne dissimulent plus l'être écrasé et soumis qui vous habite.
peur de nager dans le bleu abyssal lorsque le turquoise bordant les plages de sable blanc prend une teinte pétrole.
peur de rire de vous-même,
du pauvre fier et des pauvres riches.
peur de vous rabaisser alors que vous vous comportez comme des animaux.
peur de ce qui vous dérange et de ce qui vous excite.
peur de vous-même, vous qui vous glorifiez en votre propre nom.
Et ça parle d'avancement,
de consommer et surtout gaspiller,
de danger pour une place pas même démarquée,
ça discute de cycles et de projets,
sans refaire le monde.
Ça juge et ça fait des manières,
les petites ouvrières.
Tu sais ton texte par coeur, c'est bien.
Tu n'écoutes pas car si tu t'arrêtes, tu oublies.
Tes écoutilles sont fermées,
tu vois les sourires comme un retour intéressé,
sans comprendre que l'hypocrite ne se demande jamais:
comment ça entend, un sourd?
Pourquoi ne saisis-tu pas
ce petit quelque chose qui suscite l'intérêt chez ton interlocuteur?
Pourquoi n'attends-tu pas
d'avoir trouvé quelque chose d'inédit à dire?
quelque chose que personne n'aurait encore dit?
Pourquoi as-tu tant besoin de remplir le silence?
Pourquoi pour toi est-il synonyme d'absence?
Et dis moi,
comment ça entend un sourd?
Lizard Bastard