- Documentaire, court-métrage (environ 10 min)
Durant l’été 1945 en France, l’heure est à la réjouissance. C’est la libération, la justice qui est rendue aux victimes de la guerre. Il est temps de renvoyer la pareille à ces femmes qui, au cours des temps difficiles furent contraintes ou choisirent de collaborer avec les allemands.
Les femmes
Elles étaient femmes d’officiers allemands, domestiques contraintes de les servir ou amoureuses d’hommes prétendus corrompus ou collabos. Elles étaient condamnées au châtiment de la tonte sur la place publique, sentence d’humiliation ultime pour une femme .Cette décision ne pouvait être prise que par le tribunal, après un jugement.
Au cours de l’été 1945, en France, de nombreuses femmes furent torturées et humiliées sur la place publique sans aucune forme de procès.
Les images
Dans ce court-métrage, Jean-Gabriel Périot utilise des images d’archive qu’il travaille de sorte à montrer l’absurdité de la libération.
Le film commence avec des images de violence liées à la guerre. Puis apparaissent des visages qui se réjouissent, le tout accompagné par La Marseillaise. Les plans défilent, le peuple rit, le drapeau est brandit, l’on devine que c’est la fin du massacre, le retour à la paix. Les yeux rieurs, les bouches sourient de satisfaction : on se demande ce qui les rend joyeux.
La Marseillaise reprend, cette fois, elle est chantée par une femme. Nous redécouvrons les mêmes images à la différence près que le champ est beaucoup plus large. Ainsi est révélé la source de la réjouissance commune : des femmes qui se font lynchées, tondre et que l’on expose comme des trophées de victoire. Elle sont maigres, le visage parfois ensanglanté. Mais quelle dignité devant le peuple en colère ! Elles ressemblent à ses prisonniers des camps, frêles et détestées de la façon la plus arbitraire.
Ici, le film à http://www.jgperiot.net/QT/eutelle.htm
Le réalisateur, aujourd’hui
Jean-Gabriel Périot est un réalisateur contemporain, né en 1974 et reconnu par ses films très engagés. Il est avant tout un homme qui se mélange, issu d’un milieu sans prétention. Il a été successivement, serveur, manutentionnaire, vendeur, ouvrier avant de se lancer le film documentaire. Sa patte réside dans la façon qu’il a de présenter la violence : il travaille beaucoup avec les images d’archive, aime les cumuler, les répéter à grande vitesse et fait naître ainsi une sensation oppressante chez le spectateur. Il traite des thèmes sociaux tels que la délocalisation, le travail, l’homosexualité et semble avoir une facilité pour dévoiler l’hypocrisie et la pourriture humaine.
Ses films sont disponibles sur le site ci-dessous. Des projections ici et là sont également prévues ; les dates et les lieux sont sur son site.
BB