Rue des Anges, Lyon 5ème, marché du samedi matin, je note au fil des semaines un certain engouement pour un légume de la famille des cucurbitacées : le butternut, moins connu sous le nom français de doubeurre.
Que nous vaut alors une telle attirance et notamment de ses dames pour ce doux légume de couleur chair avec ses rondeurs et sa forme allongée. Légume hautement gastronomique. C’est une courge musquée parfaite en gratin. Elle apporte à la soupe son velouté. Ses saveurs plus sucrées en font aussi de bons desserts.
Le butternut peut se suffire à lui-même en tant qu’objet. Donnez-lui des ailes, vous en ferez un ange. Donnez-lui un visage de fille, vous en ferez une poupée russe. Donnez lui des poils, vous en ferez des roubignoles géantes. Non, il ne s’agit pas d’un sex-toy mais bien d’une simple courge !
Le butternut est devenu le must-have de la femme bobo en saison froide. Cependant, un tout autre désir sommeille en elle : ses exigences en matière de taille.
Ainsi donc, je vous propose de prendre part à une scène de vie de quartier entre la femme bobo et la narratrice.
« Je le veux petit, je le veux petit »
Le producteur reste patient et ne répond pas.
« Je le veux petit, je le veux petit »
Ici, c’est la nature qui décide.
« Je le veux petit, je le veux petit »
Une psychose légumière.
« Je le veux petit, je le veux petit »
Un nouveau tyran sévit face aux gens de la terre ?
Bourgeoise, la femme bobo exige avec force que ses ordres soient exécutés.
Bohème, la femme bobo formule ses souhaits avec discrétion et nonchalance.
« Je le veux petit, je le veux petit »
Toi, pensais-je, tu prends ton butternut et tu jartes !
De doubeurre et de démence par mode et marotte,
Au rayon des courgettes, gardons notre patience.
Corinne